Le Parasite
Toxoplasma gondii est un parasite intra-cellulaire obligatoire, appartenant à l'ordre des Coccidies, phylum Apicomplexa. Il a été découvert en 1908 par Nicolle et Manceaux à l’Institut Pasteur de Tunis. Le cycle parasitaire comporte une multiplication asexuée qui s'effectue dans différents tissus chez les mammifères homéothermes et les oiseaux (hôtes intermédiaires) et une multiplication sexuée qui s'effectue dans l'épithélium digestif des chats et autres félidés (hôtes définitifs). Le chat excrète dans ses fèces des oocystes qui ne sont pas directement infectants lors de leur émission ; ils le deviennent après sporulation (1 à 5 jours) et sont alors source potentielle de contamination pour les autres hôtes par ingestion. L’excrétion fécale des oocystes dure 7 à 15 jours après la contamination, le temps que l’immunité active soit mise en place. La dissémination des oocystes dans l’environnement est incomplètement comprise. Chez l'hôte intermédiaire, les oocystes ingérés sont lysés dans l’estomac et libèrent des formes qui se disséminent rapidement dans la circulation sanguine (tachyzoïtes). Après une parasitémie brève de quelques jours, les parasites s'enkystent (sous forme de bradyzoïtes) dans tous les tissus, en particulier les muscles striés et le cerveau. Ces kystes peuvent alors être source de contamination de l’hôte définitif ou d’un nouvel hôte intermédiaire, par ingestion (carnivorisme).
Trois principaux génotypes de T. gondii (génotypes I, II et III) sont identifiés, équivalents à des lignées clonales stables dans le temps et l’espace. Des transferts génétiques peuvent conduire à des isolats atypiques, se caractérisant par la présence d’allèles uniques, non retrouvés parmi les allèles classiques des trois génotypes majeurs. Tous les génotypes peuvent infecter l’homme, mais une large prédominance du génotype II est observée en France métropolitaine. Certains génotypes très virulents circulent en Amérique du Sud, et notamment en Guyane, à l’origine de toxoplasmoses acquises sévères (à forme oculaire ou pulmonaire).
Le parasite étant ubiquitaire, la toxoplasmose est retrouvée sur tous les continents, mais avec une séroprévalence très variable d’un pays à l’autre et même d’une région à l’autre. Environ 40% de la population adulte est infectée en France, avec de fortes disparités régionales.
Les principaux modes de contamination sont d’origine alimentaire. L’homme se contamine habituellement en ingérant les kystes présents dans des produits carnés de mammifères (y compris venaisons), ou des oocystes provenant des matières fécales d’un chat infecté et souillant les légumes, les fruits, l’eau, les mains. La contamination par ingestion de tachyzoïtes circulants (par exemple, via le lait cru) est possible, mais exceptionnelle. Les risques de transmission interhumaine sont plus rares. Ils sont observés en cas de transmission congénitale, lorsqu’une femme enceinte s’infecte pendant la grossesse, ou bien lors de transmission de kystes à l’occasion de greffes d’organes (d’un donneur séropositif pour la toxoplasmose à un receveur séronégatif). La législation française impose la détermination du statut immunologique chez le receveur et le donneur depuis 1997.
Les parts respectives de la contamination par les kystes via l’alimentation carnée ou par les oocystes via les végétaux et l’eau ne sont pas connues précisément, notamment par manque de méthodes de détection. Néanmoins, différentes enquêtes identifient la consommation de viande parmi les facteurs de risque d’infection. La majorité avait une cause alimentaire, notamment par consommation de viande peu cuite (viande agneau surtout). La contamination par ingestion d’oocystes via les eaux de boisson a été reconnue au cours de différentes épidémies au Canada ou au Brésil. (Voir Pôle Epidémiologie-Souches)